Topinambour
2019-12-15 11:46:41 UTC
Si même les echos le disent...
https://www.lesechos.fr/amp/1156380?__twitter_impression=true
Le vélo, un moyen de transport qui ne demande qu'à grandir
Les Français redécouvrent les vertus de la « petite reine » à la faveur
de la grève dans les transports publics. La part des déplacements à vélo
(3 %) reste extrêmement faible dans l'Hexagone par rapport à d'autres
pays européens. L'Etat et certaines villes sont toutefois en train de
changer de braquet.
Les rues de Paris sont remplies de cyclistes depuis le début des grèves
dans les transports publics.
Peu importe les ondées automnales, les températures fraîches et
l'absence d'infrastructures sur certains tronçons. A la faveur de la
grève dans les transports publics contre la réforme des retraites , des
nuées de néocyclistes se mêlent aux habitués de la « petite reine »
depuis plusieurs jours dans les grandes villes.
L'allure est parfois un peu hésitante. Mais la bonne volonté ne manque
pas. « Je n'imaginais pas qu'il ne me faudrait que trente minutes pour
aller dans le centre de Paris », sourit Sarah, une habitante de Vanves
(92) qui a acheté un vélo en prévision du mouvement social.
L'histoire du vélo est teintée des couleurs bleu-blanc-rouge. Le brevet
de l'ancêtre de la bicyclette - la draisienne - a été déposé en France
en 1818 par l'Allemand Karl Drais. Les artisans Pierre Lallement et
Pierre Michaux ont contribué à la modernisation de ce véhicule dans la
deuxième partie du XIXe siècle. « Cependant, en France, tout se passe
comme si, trop souvent, le vélo restait un sport, beaucoup plus qu'un
moyen de transport », constatait Edouard Philippe en septembre 2018.
La France à la traîne
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. La part du vélo dans l'ensemble des
déplacements stagne à environ 3 %, contre 10 % en Allemagne, 12 % en
Belgique et 28 % aux Pays-Bas. La moyenne européenne est de 7 %.
Le vélo ne manque pourtant pas d'atouts. Il est plus rapide que la
voiture en ville pour les trajets courts, a des effets positifs sur la
santé et le moral, coûte peu cher, est silencieux et ne pollue pas -
tout sauf un détail alors que le secteur des transports est responsable
de près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France.
Les modèles à assistance électrique (VAE) permettent en outre de
réaliser des trajets plus longs, sans arriver en sueur à son lieu de
rendez-vous : une angoisse chez beaucoup de cyclistes potentiels.
Un plan vélo de 350 millions d'euros
Conscient de l'enjeu, le gouvernement a lancé un « plan vélo » de 350
millions d'euros sur sept ans afin de tripler les déplacements à vélo
d'ici à 2024 (9 %). Il prévoit de financer des axes cyclables, de rendre
obligatoire le marquage des vélos pour lutter contre le vol, de créer un
« forfait mobilité durable » (facultatif) dans les entreprises afin
d'inciter les salariés à pédaler pour aller au travail, et de favoriser
l'apprentissage du vélo à l'école.
L'avenir de la livraison n'est pas le drone, mais le vélo
« C'est un premier pas, mais la France n'est pas encore à la hauteur. Il
faudrait dépenser au moins 200 millions d'euros par an », insiste Karima
Delli, présidente de la commission Transport et Tourisme au Parlement
européen. « Les Pays-Bas ont beaucoup investi dans le vélo et continuent
à le faire », rappelle-t-elle. Résultat : les déplacements à vélo
dépassent 30 % dans bon nombre de villes.
Pour développer la pratique, la députée écologiste plaide pour « une
réduction de la vitesse à 30 km/h en ville, la généralisation des
doubles sens cyclables dans les rues et la création de places dans les
trains afin de favoriser l'intermodalité ». Le vélo est également un
enjeu économique. « Il représente 650.000 emplois dans l'UE », souligne
la Nordiste.
Les villes prennent les devants
Plusieurs villes françaises n'ont pas attendu le réveil de l'Etat.
Strasbourg, Grenoble et Bordeaux sont souvent citées en exemple pour
leur volontarisme. La maire de Paris, Anne Hidalgo, ne cache pas son
ambition de les détrôner. Elle multiplie les infrastructures cyclables
dans le cadre de son plan « vélo 2015-2020 ».
Ces investissements commencent à payer. Le nombre de cyclistes a bondi
de 54 % entre septembre 2018 et septembre 2019 dans la capitale. Aux
heures de pointe, certaines artères battent des records de fréquentation
en ce moment (plus de 10.000 passages sur les boulevards Magenta et
Voltaire par exemple), révélant parfois en creux leur sous-dimensionnement.
Les villes françaises frappées par la foudre des micromobilités
Cette politique ne fait pas l'unanimité, notamment chez les
automobilistes qui s'estiment lésés et dénoncent les libertés prises
avec le Code de la route par certains cyclistes. « Les villes ne sont
pas extensibles. On ne peut pas laisser croire qu'on va développer le
vélo sans toucher à la place de la voiture », analyse Mathieu
Chassignet, ingénieur mobilité, qualité de l'air et transition numérique
à l'Ademe.
« Il faut assumer une hiérarchie entre les modes de transport en
privilégiant, dans l'ordre, la marche, le vélo, les transports
collectifs et enfin les véhicules motorisés », poursuit-il. Or, « trop
souvent, le vélo reste une variable d'ajustement ».
Le vélo, enjeu des élections municipales ?
L'absence de continuité dans les infrastructures représente le principal
obstacle pour mettre les Français en selle. Ce qui se passe à Paris est
un cas d'école. La nouvelle piste cyclable de la rue de Rivoli débouche
sur la place de la Concorde. Là, certains cyclistes préfèrent poser le
pied à terre plutôt que de se mêler au trafic motorisé.
L'échappée belle du vélo électrique en France
Pour résoudre ce problème, la Fédération française des usagers de la
bicyclette (FUB) vient de boucler une grande enquête, à laquelle plus de
184.000 personnes ont répondu. Elles devaient notamment signaler les
points noirs sur leur trajet (carrefour, rond-point, etc.). L'an
prochain, l'association réalisera avec les données collectées son
deuxième palmarès des villes les plus cyclables de France. Cinquante
réponses étaient requises pour qu'une ville figure au classement.
« On est passé de 316 villes classées à 763 par rapport à 2017 », se
félicite Olivier Schneider, le président de la FUB. « Cela signifie
qu'il y a aussi une envie légitime de faire du vélo dans les villes
petites et moyennes. » L'association espère ainsi convaincre les
candidats aux prochaines élections municipales de construire de
meilleurs aménagements. Et permettre que, au-delà de la grève actuelle,
le vélo prenne définitivement son envol.
Adrien Lelièvre
https://www.lesechos.fr/amp/1156380?__twitter_impression=true
Le vélo, un moyen de transport qui ne demande qu'à grandir
Les Français redécouvrent les vertus de la « petite reine » à la faveur
de la grève dans les transports publics. La part des déplacements à vélo
(3 %) reste extrêmement faible dans l'Hexagone par rapport à d'autres
pays européens. L'Etat et certaines villes sont toutefois en train de
changer de braquet.
Les rues de Paris sont remplies de cyclistes depuis le début des grèves
dans les transports publics.
Peu importe les ondées automnales, les températures fraîches et
l'absence d'infrastructures sur certains tronçons. A la faveur de la
grève dans les transports publics contre la réforme des retraites , des
nuées de néocyclistes se mêlent aux habitués de la « petite reine »
depuis plusieurs jours dans les grandes villes.
L'allure est parfois un peu hésitante. Mais la bonne volonté ne manque
pas. « Je n'imaginais pas qu'il ne me faudrait que trente minutes pour
aller dans le centre de Paris », sourit Sarah, une habitante de Vanves
(92) qui a acheté un vélo en prévision du mouvement social.
L'histoire du vélo est teintée des couleurs bleu-blanc-rouge. Le brevet
de l'ancêtre de la bicyclette - la draisienne - a été déposé en France
en 1818 par l'Allemand Karl Drais. Les artisans Pierre Lallement et
Pierre Michaux ont contribué à la modernisation de ce véhicule dans la
deuxième partie du XIXe siècle. « Cependant, en France, tout se passe
comme si, trop souvent, le vélo restait un sport, beaucoup plus qu'un
moyen de transport », constatait Edouard Philippe en septembre 2018.
La France à la traîne
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. La part du vélo dans l'ensemble des
déplacements stagne à environ 3 %, contre 10 % en Allemagne, 12 % en
Belgique et 28 % aux Pays-Bas. La moyenne européenne est de 7 %.
Le vélo ne manque pourtant pas d'atouts. Il est plus rapide que la
voiture en ville pour les trajets courts, a des effets positifs sur la
santé et le moral, coûte peu cher, est silencieux et ne pollue pas -
tout sauf un détail alors que le secteur des transports est responsable
de près de 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France.
Les modèles à assistance électrique (VAE) permettent en outre de
réaliser des trajets plus longs, sans arriver en sueur à son lieu de
rendez-vous : une angoisse chez beaucoup de cyclistes potentiels.
Un plan vélo de 350 millions d'euros
Conscient de l'enjeu, le gouvernement a lancé un « plan vélo » de 350
millions d'euros sur sept ans afin de tripler les déplacements à vélo
d'ici à 2024 (9 %). Il prévoit de financer des axes cyclables, de rendre
obligatoire le marquage des vélos pour lutter contre le vol, de créer un
« forfait mobilité durable » (facultatif) dans les entreprises afin
d'inciter les salariés à pédaler pour aller au travail, et de favoriser
l'apprentissage du vélo à l'école.
L'avenir de la livraison n'est pas le drone, mais le vélo
« C'est un premier pas, mais la France n'est pas encore à la hauteur. Il
faudrait dépenser au moins 200 millions d'euros par an », insiste Karima
Delli, présidente de la commission Transport et Tourisme au Parlement
européen. « Les Pays-Bas ont beaucoup investi dans le vélo et continuent
à le faire », rappelle-t-elle. Résultat : les déplacements à vélo
dépassent 30 % dans bon nombre de villes.
Pour développer la pratique, la députée écologiste plaide pour « une
réduction de la vitesse à 30 km/h en ville, la généralisation des
doubles sens cyclables dans les rues et la création de places dans les
trains afin de favoriser l'intermodalité ». Le vélo est également un
enjeu économique. « Il représente 650.000 emplois dans l'UE », souligne
la Nordiste.
Les villes prennent les devants
Plusieurs villes françaises n'ont pas attendu le réveil de l'Etat.
Strasbourg, Grenoble et Bordeaux sont souvent citées en exemple pour
leur volontarisme. La maire de Paris, Anne Hidalgo, ne cache pas son
ambition de les détrôner. Elle multiplie les infrastructures cyclables
dans le cadre de son plan « vélo 2015-2020 ».
Ces investissements commencent à payer. Le nombre de cyclistes a bondi
de 54 % entre septembre 2018 et septembre 2019 dans la capitale. Aux
heures de pointe, certaines artères battent des records de fréquentation
en ce moment (plus de 10.000 passages sur les boulevards Magenta et
Voltaire par exemple), révélant parfois en creux leur sous-dimensionnement.
Les villes françaises frappées par la foudre des micromobilités
Cette politique ne fait pas l'unanimité, notamment chez les
automobilistes qui s'estiment lésés et dénoncent les libertés prises
avec le Code de la route par certains cyclistes. « Les villes ne sont
pas extensibles. On ne peut pas laisser croire qu'on va développer le
vélo sans toucher à la place de la voiture », analyse Mathieu
Chassignet, ingénieur mobilité, qualité de l'air et transition numérique
à l'Ademe.
« Il faut assumer une hiérarchie entre les modes de transport en
privilégiant, dans l'ordre, la marche, le vélo, les transports
collectifs et enfin les véhicules motorisés », poursuit-il. Or, « trop
souvent, le vélo reste une variable d'ajustement ».
Le vélo, enjeu des élections municipales ?
L'absence de continuité dans les infrastructures représente le principal
obstacle pour mettre les Français en selle. Ce qui se passe à Paris est
un cas d'école. La nouvelle piste cyclable de la rue de Rivoli débouche
sur la place de la Concorde. Là, certains cyclistes préfèrent poser le
pied à terre plutôt que de se mêler au trafic motorisé.
L'échappée belle du vélo électrique en France
Pour résoudre ce problème, la Fédération française des usagers de la
bicyclette (FUB) vient de boucler une grande enquête, à laquelle plus de
184.000 personnes ont répondu. Elles devaient notamment signaler les
points noirs sur leur trajet (carrefour, rond-point, etc.). L'an
prochain, l'association réalisera avec les données collectées son
deuxième palmarès des villes les plus cyclables de France. Cinquante
réponses étaient requises pour qu'une ville figure au classement.
« On est passé de 316 villes classées à 763 par rapport à 2017 », se
félicite Olivier Schneider, le président de la FUB. « Cela signifie
qu'il y a aussi une envie légitime de faire du vélo dans les villes
petites et moyennes. » L'association espère ainsi convaincre les
candidats aux prochaines élections municipales de construire de
meilleurs aménagements. Et permettre que, au-delà de la grève actuelle,
le vélo prenne définitivement son envol.
Adrien Lelièvre